A Lillebonne, vous pouvez admirer ou deviner, aux détours des chemins, différents vestiges, traces indélébiles du riche passé de la cité antique. En effet, au tout début de notre ère, sous l’impulsion de l’empereur Auguste, le site de Lillebonne est choisi par les Romains pour fonder la nouvelle capitale des Calètes, peuple gaulois qui occupait l’ouest du Pays de Caux. Juliobona est née.
Située à la croisée des voies terrestres et maritimes, Juliobona est un carrefour commercial. La cité est la porte d’entrée de l’estuaire de la Seine, reliée à la chaussée Jules César reliant Lutetia (Paris) à Caracotinum (Harfleur). Son port lui offre une ouverture tant sur le monde méditerranéen que sur la province Britannia (actuelle Grande-Bretagne) et les territoires voisins.

Le théâtre romain

Le vestige le plus remarquable qui démontre une fois de plus le riche passé de la ville, c’est le théâtre gallo-romain. Le théâtre-amphithéâtre est d’une ampleur comparable aux plus grands amphithéâtres de la Gaule romaine, il est aussi le mieux conservé au nord de la Loire. Constitué de trois états de construction successifs qui s’échelonnent du 1er au 3e siècle de notre ère, il peut accueillir 10 000 spectateurs.
À l’époque romaine, des jeux de gladiateurs, des scènes de chasse, des démonstrations de domptage… se déroulent dans l’arène. C’est aussi là que les condamnés à mort sont livrés en pâture à des animaux sauvages. Sur la scène du théâtre sont programmés des pantomimes et des mimes (farces souvent vulgaires). À l’époque romaine, la mode est au burlesque et aux spectacles visuels : les décors et les costumes sont très présents. La musique occupe également une place importante.
Du 4e siècle à 1818, année de son rachat par le Département de Seine-Inférieure, anciennement Seine-Maritime, le théâtre est aménagé en forteresse puis il sert de carrière et enfin, il est abandonné.
Des fouilles y sont effectuées dès 1822. Elles sont réalisées par le Département, propriétaire du site. Entre 2010 et 2012, d’importants travaux de sécurisation et d’aménagement sont réalisés dans le théâtre, permettant une réouverture au public.

Les Thermes

La cité de Juliobona comptait deux édifices. Le premier, les thermes publics de la rue des Bains, est découvert en 1827. En 1880, sont mis à jour les thermes de la rue Edmond Pigoreau lors du percement des rues Pigoreau, Caron et du Docteur-Léonard. Jusqu’en 1968, ces monuments restent totalement méconnus et incompris, parfois considérés comme une simple villa. On sait maintenant qu’ils ont été construits à la fin du IIe siècle ou au début du IIIe siècle.
À l’époque antique, on se rend aux thermes pour l’hygiène corporelle et les soins complets du corps. Le lieu a aussi une fonction sociale importante. Les thermes font partie intégrante de la vie urbaine romaine : on s’y lave, on y rencontre ses amis, on y fait du sport, on y traite des affaires… Pour les Romains, le bain représente à la fois un luxe et une nécessité. Tous s’y rendent, sans distinction de classe sociale. Ils sont ouverts aux hommes et aux femmes, mais dans des parties ou à des heures différentes.

En avril 2021, un sondage a été effectué par l’archéologue du service Musées et Patrimoine de Caux Seine agglo afin de mieux connaître l’état de conservation des vestiges des thermes gallo-romains de la rue Pigoreau. Verdict : l’état de conservation est exceptionnel !
On y voit les piscines froides dans lesquelles les citoyens pouvaient descendre pour se baigner. Un œil averti y aperçoit des placages de marbre blanc, du dallage calcaire et du mortier de tuileau, à l’aspect rosé, qui permet l’étanchéité des piscines. Les marches pour descendre dans les bassins sont également très bien conservées.
Le plan de masse du monument s’inscrirait dans un vaste rectangle orienté est-ouest. Les vestiges reconnus correspondraient seulement au quart nord-est. La zone explorée est donc peu étendue. Ces thermes seraient doubles avec un seul frigidarium. Si l’hypothèse se vérifiait, la largeur de l’ensemble avoisinerait les 80 mètres.

Le mystérieux forum

Dans toutes les cités du monde romain, le forum est une place publique qui sert de rendez-vous commercial, politique et religieux pour la population. On pouvait penser que le forum de Lillebonne était située place Carnot. Les fouilles de l’été 2000 ont montré qu’il n’en était rien.
Il n’y avait pas de place à cet endroit, mais une voie surbaissée, bordée de portiques (trottoirs couverts) sur lesquels ouvraient des petites boutiques : les emplacements de trois d’entre elles sont encore visibles dans le petit jardin central de la place Carnot. Du côté sud, les boutiques étaient adossées à un vaste édifice (ou basilique). On ignore toujours où était le forum.

La tombe dite « de Marcus »

En 1864, lors de la construction de la villa Lemaistre, des terrassiers découvrent le mobilier de la tombe d’un riche jeune homme, dit Marcus. Aujourd’hui, cet endroit se trouve dans l’enceinte du lycée Guillaume le Conquérant.
La tombe était située à 2,50 mètres de profondeur, dans un coffre de grandes dalles calcaires. Les os et les cendres du défunt étaient contenus dans une grande urne en verre, déposée elle-même dans une urne en plomb cylindrique. Elle contenait 47 pièces : un gobelet de bronze, deux vases en terre cuite, deux cuillères en argent, un ensemble d’aiguières, un plateau en argent… Ce trésor a rejoint les collections de Juliobona musée gallo-romain à Lillebonne.

La place Félix Faure

En 2019, une campagne d’investigation des sous-sols lillebonnais par géo-radar concluait à la présence d’un édifice public sous la place Félix Faure, située en face du théâtre romain. Suite à cette découverte, un collectif validé par les Commissions Territoriales de la Recherche Archéologique (CTRA) faisait le choix d’accorder toute son attention aux profondeurs de la place Félix Faure.
En 2021, dans le cadre du projet scientifique Juliobona, La Cité antique sur la Seine, Caux Seine agglo, la Ville de Lillebonne et le Département de la Seine-Maritime (prêt de matériel spécifique) réalisaient des fouilles sur la place Félix Faure. En permettant de mettre à jour des murs antiques, elles ont confirmé l’hypothèse de l’existence d’un édifice public dans le prolongement du théâtre. Cette organisation quasiment inédite attise la curiosité des scientifiques et devrait permettre d’aboutir à des avancées de première importance sur la connaissance de cette période de l’Antiquité.

Découvrir / Approfondir

L’application Juliobona 3.0

Rien de tel qu’une immersion en 3 D dans l’antique cité de Juliobona pour vivre au plus près du quotidien des Calètes, il y a 2000 ans. C’est possible grâce à l’application Juliobona 3.0. Deux personnages fictifs présentent l’histoire antique de Juliobona. Des vues à 360° permettent de mieux comprendre la ville antique et un volet jeux a été créé pour les enfants. Cette application est disponible pour tout type de Smartphone.

Juliobona musée gallo-romain à Lillebonne

Visites guidées du théâtre romain, en partenariat avec le Département